Chiavelli, Alberghetto


di:
Estremi anagrafici:

Ca. 1295 – ca. 1377.



Durata cronologica della dominazione:

Lors de la grande enquête pontificale sur la situation politique dans la Marche d’Ancône, en 1341, un témoin rapporte qu’Alberghetto et ses frères ont occupé Fabriano pendant plus de 20 ans avant d’être chassés par le populus vers 1338. La documentation, pour fragmentaire et ponctuelle qu’elle soit, est bien loin de conforter cette vision. Il semble en fait prématuré de parler de pouvoir seigneurial à Fabriano pour les trois premiers quarts du xive siècle. Alberghetto et les siens peuvent occuper, un temps, une position prééminente au sein de la commune mais ce n’est qu’à l’intérieur de rapports de force en perpétuelle reconfiguration, entre groupes nobiliaires d’une part, entre ces derniers et le Popolo de l’autre. En 1362, le cardinal-légat Egidio Albornoz permet l’absolution d’Alberghetto et de la commune de Fabriano, après leur condamnation pour rébellion. Cette association dans le pardon suggère qu’aux yeux du légat, le premier joue alors un rôle-clef dans les décisions de la seconde.

Cependant, les tensions internes à Fabriano aboutissent régulièrement à de véritables affrontements de la commune avec les Chiavelli, qui se soldent par des cycles d’exils, confiscations des biens, négociations et pacifications. Un moment important, mais non irréversible, dans la consolidation de la position de force des Chiavelli est sa validation par le légat du pape, qui leur confie pour un temps, à la fin des années 1360, la garde de Fabriano et des deux châteaux. En 1371, alors qu’il s’apprête à quitter ses fonctions, Anglic Grimoald, vicaire général au temporel du pape en Italie, peut écrire : “Fabrianum [] detinebatur meo tempore per dominum Alberghetum de Clavellis cum aliquibus consortibus suis” , avant d’ajouter avec un peu d’optimisme que le castrum est depuis repassé sous le contrôle de l’Eglise.



Espansione territoriale della dominazione:

Le témoignage déjà cité de 1341 mentionne l’occupation des “castrum de Fabriano et castrum Rocchecontrate (i. e. Roccacontrada), et villas, terras et loca districtus Fabriani” . Ces prises de pouvoir se seraient faite “tyranniquement et aux dépens de l’Eglise” . Elles correspondent en réalité à une emprise ancienne sur la campagne environnante, confortée par l’obtention sous la contrainte de charges locales. Tomaso (I) puis son fils Alberghetto se font élire podestat de Roccacontrada pour de longs mandats successifs entre 1326 et 1337. Les deux hommes tirent profit des tentions locales entre guelfes et gibelins, partisans de Ludovico il Bavaro. Ils contrôlent la forteresse de la terra et s’emparent de biens grâce à des ventes forcées. Cela pousse la commune à dénoncer leur contrat et à les poursuivre devant le juge de la Marche, notamment pour récupérer la place forte dont les Chiavelli se disent désormais propriétaires.

Alberghetto tente en outre de s’emparer de verrous défensifs contrôlés par la commune Fabriano, comme Almatano (1338), afin renforcer sa pression sur la ville. Les échecs de plusieurs tentatives sont contrebalancés par une politique ciblée d’investissements immobiliers qui conduit la famille à multiplier les achats de terrains et de maisons, à l’intérieur et autour des castra du contado.

Dans les années 1360, avec son frère Giovanni et d’autres parents, Alberghetto obtient la “ custodia terre Fabriani”  et celles de deux forteresses pontificales dans le contado, San Donato et Genga. Il s’agit d’un nouvel exemple de marchandage avec la papauté, grâce auquel la restitution de quelques châteaux usurpés permet d’obtenir officiellement une charge sur quelques autres, au départ occupés tout aussi illégitimement.

Néanmoins, les coups de force se poursuivent. En 1372, l’évêque de Nocera exige des frères Alberghetto et Giovanni, et de leurs neveux Bertuccio et Tomasuccio, fils de leur frère défunt Crescenzio, qu’ils restituent au monastère de San Biagio in Caprile les terres et la demeure qu’ils ont accaparées, à une quinzaine de kilomètres au sud de Fabriano.

Origine e profilo della famiglia:

Les Chiavelli sont une ancienne famille féodale. Ils ont fait acte de soumission à la commune de Fabriano en 1165 avant d’effectuer leur inurbamento, à l’image de nombreuses autres familles des environs. A partir de la fin du xiiie siècle au moins, la documentation montre des membres de la famille occupant des fonctions militaires au sein de la terra, notamment comme châtelains de forteresses du contado. Ils font partie de la militia et un registre de paiements de la commune de 1326 mentionne la rémunération reçue par le père d’Alberghetto, “dominus”  Tomaso, et un de ses frères, Tomasuccio, pour leur participation à une chevauchée. Ils ne figurent pas alors parmi les conestabiles. Membre de l’aristocratie de la fin de la période communale, Tomaso exerce à la fois des fonctions politico-administratives et militaires. Il est allibratore de la commune en 1307 et podestat dans des villes de la région (Todi, 1313; Roccacontrada).


Titoli formali:

En 1368, Alberghetto et son frère Giovanni sont tous deux cités dans les archives de la commune comme “milites”.


Modalità di accesso al potere:

Les rapports de force au sein de la terra, qui sont parfois favorables aux Chiavelli, sont régulièrement redéfinis. Ils ne permettent que tardivement leur insertion dans des mécanismes de pouvoir institutionnel. Les Chiavelli n’en pèsent pas moins sur les décisions des conseils de la commune, grâce à leur participation aux dépenses publiques. Guido avance en 1365 le montant dû à l’Eglise au titre de la taille, puis exerce des pressions pour obtenir le remboursement du prêt qu’il a consenti.

En 1367, un nouvel affrontement se conclue par l’exécution de trois des adversaires des Chiavelli : il est immédiatement suivi d’un départ de la famille hors de Fabriano et du retour de la terra sous le contrôle de l’Eglise. Dès janvier 1368, Alberghetto et son frère Giovanni concluent une nouvelle paix avec Fabriano, dont les institutions communales ont été convoquées par le reformator de la terra envoyé par Anglic Grimoald, vicaire général du pape en Italie. Ils reçoivent la garde de la terra avec le droit de percevoir 3 000 florins d’or sur les revenus locaux de la papauté, pour couvrir leurs frais. La custodia n’inclut cependant pas la juridiction, que les Chiavelli veulent s’attribuer. Le compromis doit limiter leur pouvoir politique et préserver les compétences de la commune, tout en reconnaissant un rôle militaire à la famille. En septembre 1368, Alberghetto et Giovanni renoncent à leur charge sur Fabriano mais conservent la garde de deux châteaux du contado, San Donato et Genga. Avec leurs alliés, ils obtiennent de la papauté une rente annuelle de 2 000 florins, dont ils touchent à eux seuls un peu moins des deux tiers. Ce montant correspond à l’exemption de la taille qu’Alberghetto négocie avec Grimoald et permet in fine à chaque partie de se considérer quitte envers l’autre. La séquence montre que les négociations avec la papauté ne permettent pas seulement de renforcer des positions stratégiques dans le contado, elles ont un volet financier qui contribue au pouvoir économique de la famille.

Un chroniqueur de la seconde moitié du xve siècle, ser Guerriero da Gubbio, rapporte qu’en 1377, Alberghetto reprend pied à Fabriano avec une aide militaire extérieure. De fait, la ville est alors occupée par Rodolfo II da Varano. Ce dernier a abandonné le camp de la Ligue florentine pour rejoindre celui du pape durant la Guerre des Huit Saints et tente de soumettre Fabriano. Les Chiavelli profitent de l’expédition punitive ordonnée par Florence et commandée par le comte Lutz von Landau contre Rodolfo. Si Alberghetto n’est pas encore mort, il semble pourtant bien âgé pour  un tel coup de main, en réalité imputable à son fils.


Legittimazioni:

Les années centrales du Trecento sont marquées par une série de condamnations pour rébellion prononcées par les autorités ecclésiastiques contre les Chiavelli, qui touchent en particulier Alberghetto et son fils Guido. Le cardinal-légat Albornoz entend alors assurer une vigoureuse reprise en main des Etats pontificaux. En 1360, les Chiavelli se soumettent une nouvelle fois, sont absous et versent plusieurs milliers de ducats pour la composition. De telles soumissions leur permettent d’obtenir de l’Eglise la garde de la ville. Il s’agit d’une reconnaissance qui confère des responsabilités bien moindres que celles d’un vicariat au temporel mais qui permet néanmoins de se prévaloir de l’autorité pontificale. En mai 1368, Anglic Grimoald absout Giovanni, Alberghetto et son fils Guido, ainsi que plusieurs membres de la famille, pour les fautes commises pendant que les trois hommes gouvernaient (tenere et gubernare) “castrum Fabriani et eius dominium et regimen” . Quelques mois plus tard, le vicaire général du pape dans les terres de l’Eglise mentionne de nouveau le “regimen, gubernationem et administrationem”  de Giovanni et Alberghetto, “per longa tempore retro acta et adhuc tenebatis et etiam gerebatis Ecclesie Romanae” . Cette direction de la ville est remise “dans les mains de l’Eglise” , dont les pleins droits sur le castrum sont reconnus par les Chiavelli (septembre 1368).


Caratteristiche del sistema di governo:

La commune de Fabriano est organisée en commune populaire, accordant une place importante aux Arts mais expérimentant au cours du xive siècle des formes institutionnalisées de pouvoir personnel, sur des brèves durées et dans des situations exceptionnelles. Les Riformanze de 1326 mentionnent ainsi quatre prieurs des Arts, un gonfalonier de la commune, un conseil de huit sages pour la défense de la commune ainsi qu’un podestat qui se trouve être également capitaine du peuple et de capitaine général de la guerre. Les dirigeants et citoyens craignent la mise en place d’une véritable seigneurie. Au milieu du siècle, des closes testamentaires encouragent les légataires à veiller à ce que la terra di Fabriano “si regga a popolo” , à ce qu’elle ne soit pas gouvernée par un “tyran”  et à ce “che ne prenda il titolo di signore alcun fabrianese”  (testamento di Balduccio di Condeo, luglio 1348).

En janvier 1368, Enrico Sessa, évêque de Brescia, vicaire au spirituel de la Marche d’Ancône, est envoyé comme réformateur de la terra et de ses statuts : il convoque le conseil des 100, en présence de trois des quatre prieurs des Arts. L’acte de la paix conclue avec la domus dei Chiavelli montre que la domination exercée par celle-ci, même dans le cadre de la charge arrachée à l’Eglise en 1367, est loin d’être acceptée passivement. Le texte évoque les divers secteurs du gouvernement de la ville dans lesquels les Chiavelli sont intervenus : quitus leur est donné “de omnibus singulis administrationibus et gestationibus, [] ac exactionibus factis in dicto communi et in terre Fabriani” , c’est-à-dire avant tout la collecte des impôts, taxes et amendes, effectuée au nom de la commune. Alberghetto et les siens avancent encore certaines sommes dues par la terra à l’Eglise. On retrouve l’un des leviers utilisés par les familles puissantes pour peser sur les régimes communaux : les finances publiques. Il faut noter le rôle joué par les représentants de l’Eglise dans les négociations entre la commune et les Chiavelli, les intérêts de la papauté rencontrant tantôt ceux de la première, tantôt ceux des seconds. La fin, toute provisoire, de l’implication de la famille dans la défense et la perception des impôts de Fabriano a pour contrepartie le versement par la commune d’une indemnité dont le montant est laissé à l’appréciation d’Enrico Sessa.

L’influence des Chiavelli ne s’arrête pas là. Par leur puissance militaire à l’extérieur de Fabriano et par leurs réseaux à l’intérieur, ils exercent des pressions sur le castrum. En 1371, accédant à une requête de l’universitas de Fabriano, Grégoire XI confie tous les procès liés aux usurpations des Chiavelli dans la ville (extorsions, occupations ou ventes forcées de terres ou de maisons) à son vicaire pour Fabriano. Alberghetto est cité avec son frère, Guido et trois autres de ses fils ainsi qu’ avec une dizaine d’autres parents, clercs ou laïcs. Le texte laisse voir en creux les contraintes que la famille fait peser sur la justice locale.

 


Sistemi di alleanza:

Les Chiavelli prennent parti pour les gibelins et Ludovico il Bavaro lors des affrontements qui opposent les partisans de l’empire à ceux de Jean XXII, dans les années 1320. Alberghetto aide notamment les Gozzolini à se maintenir à Osimo d’où le recteur de la Marche tente de les déloger. Il se range encore dans le camps de Luigi I d’Ungheria lorsque ce dernier descend sur Naples venger la mort de son frère (1347). Avec son fils Guido, Alberghetto accompagne le souverain dans son expédition vers le Sud comme le font de nombreux nobles d’Italie centrale, dont les Trinci de Foligno.

Alberghetto renforce les alliances avec les grandes familles de la région, notamment les da Varano de Camerino. Une de ses filles, Giovanna, est donnée en mariage à Venanzio da Varano, frère de Rodolfo II. Lequel Rodolfo épouse une petite-fille d’Alberghetto, Camilla di Finuccio.


Cariche politiche ricoperte in altre citt?:

Tomaso I Chiavelli, déjà defensor populi de Fabriano, est élu en 1326 podestat de Roccacontrada pour cinq ans, durée exceptionnellement longue. Tomaso meurt avant la fin de son mandat et son fils lui succède en 1329, avant d’obtenir obtient un nouveau mandat de cinq ans en 1336. La charge permet la pratique d’un pouvoir personnel et associe de fait la domination des Chiavelli sur la petite terra à un pouvoir de type seigneurial.


Legami e controllo degli enti ecclesiastici, devozioni, culti religiosi:

Un des points d’appui de la famille dans le territoire de Fabriano est le puissant monastère bénédictin de S. Vittorio delle Chiuse. Un des oncles d’Alberghetto, Crescenzio, en est abbé. A sa mort, en 1348, un fils d’Alberghetto, Francesco, lui succède. Il est encore cité à cette charge en janvier 1368 et meurt vers 1370.

Fabriano est une terra située dans le diocèse de Camerino. En 1356, Gioiso Chiavelli, membre d’une branche cadette issue de Casaleta, sœur du père d’Alberghetto, devient évêque de cette cité. Il était auparavant chanoine de la cathédrale. Il prend ensuite la tête de l’évêché de Penne, en 1360, avant de revenir à celui de Camerino (1374-1378). Son neveu Benedetto di Amoroso lui succède et devient à son tour évêque de Camerino, jusqu’à sa mort en 1390.


Politica urbanistica e monumentale:

Politica culturale:

Consenso e dissensi:

L’acte de concorde de 1368 avec la commune de Fabriano est passé “cum nobilibus viris dominis Alberghecto et Iohanne militibus fratribus et filiis quondam domini Tomasii de domo de Clavellis de Fabriano et aliis de dicta domo filiis videlicet et nepotibus eorum” . La lutte pour le pouvoir est l’affaire de tout le groupe familial dont la réussite ne peut venir que de la cohésion, et de la mobilisation des larges ressources financières et militaires. Les Chiavelli en sont bien conscients et s’efforcent de maintenir les équilibres au sein de la famille. Par un pacte de décembre 1351, les trois frères Alberghetto, Crescenzio et Giovanni s’engagent à n’acquérir aucune forteresse ni aucun moulin sans un accord mutuel préalable. Un tel accord souligne l’importance de la concertation et de l’action conjointe des membres de la famille, que la documentation laisse apercevoir en d’autres occasions.


Giudizi dei contemporanei:

Fine della dominazione:

Principali risorse documentarie:

Fabriano, Archivio storico comunale, Riformanze, reg. 2, fol. 4r, 41r; Carte diplomatiche, busta VIII, n°413 (accord de décembre 1351).


Bibliografia delle edizioni di fonti e degli studi:

F. Pirani, “Informatio status Marchie Anconitae. Una inchiesta politica del 1341 nelle terre dello Stato della Chiesa”, consultable sur http://www.rm.unina.it/iper/infomatio/index.htm; G. Mazzatinti (a cura di), Cronaca di ser Guerriero da Gubbio dall’anno mcccl all’anno mcccclxxii (R. I. S.2, XXI/4), Città di Castello, 1902, p. 19; R. Sassi, L’anno della morte di Alberghetto II Chiavelli, in Atti e Memorie della Regia Deputazione di Storia Patria per le Marche, s. VI, vol. III (1943), docc. I-VII, pp. 13-30; A. Theiner, Codex diplomaticus dominii temporalis S. Sedis, II, Roma, 1862, pp. 107b-108a., 537b-538a.

P. Falaschi, Intorno al vicariato apostolico “in temporalibus”, in Atti e memorie della deputazione di storia patria per le Marche, vol. CIII: Istituzioni e società nelle Marche (secc. XIV-XV). Atti del convegno, 1-3 ottobre 1998 (1998), p. 172; U. Paoli (a cura di), L’archivio storico del monastero di San Silvestro in Montefano di Fabriano. Inventario dei fondi della congregazione silvestriana, Roma, 1990, p. 264 (biens usurpés à S. Biagio in Caprile); F. Pirani, Fabriano in età comunale. Nascita e affermazione di una città manifatturiera, Firenze, 2003; R. Sassi, Le pergamene dell’archivio domenicano di S. Lucia di Fabriano, Ancona, 1939, pp. 75-76; Id., I Conti della Genga e i Chiavelli a Rocca Contrada (Arcevia) nei secoli XIII e XIV, in Studia Picena, vol. XXX (1962), pp. 72-88; V. Villani (a cura di), Regesti di Rocca Contrada. Secoli XIV-XVI. Spoglio delle pergamene dell’archivio storico comunale di Arcevia, Ancona, 1997.

 


Apporti nuovi di conoscenza:

Note eventuali: